Inhumation ou crémation : quelle tendance en France ?

Depuis la nuit des temps, la mort donne lieu à un ensemble de rituels tout comme les naissances ou les grands événements ponctuant le quotidien des vivants. Mais les mœurs et les tendances funéraires évoluent d’année en année. Si longtemps, la crémation a été vue comme un rite réservé aux non-croyants ou aux indigents, la position de l’Église a évolué et face à l’engorgement des cimetières des grandes métropoles, les habitudes ont changé et la réflexion face aux célébrations des morts s’est reconstruite, insufflant un vent nouveau sur les cérémonies funéraires.

L’inhumation, une pratique loin d’être désuète

Certains pays de l’Union européenne enregistrent un taux d’inhumation dépassant faiblement les 10 %. Pourtant en France, selon les régions, elle reste parfois même majoritaire. Néanmoins, les inhumations d’aujourd’hui sont loin d’être le reflet des obsèques pratiquées il y a près d’un demi-siècle. La tendance est désormais aux cérémonies civiles célébrées dans des lieux laïques. La famille diffuse des diaporamas photos du défunt, certaines font même venir des groupes de musique pour briser le côté austère attribué parfois à tort aux obsèques. D’autres au contraire, préfèrent l’ambiance intimiste du cimetière et des quelques éloges récités avant la mise en terre. En matière d’obsèques, il n’y a pas de normes.

Même le monument funéraire se réinvente. La dalle en pierre grise n’a plus tant la côte et cède son monopole aux monuments funéraires paysagers. Tout en sobriété, les sépultures végétalisées permettent de créer un petit jardin et d’assurer un fleurissement quasi constant au lieu de recueillement. Si autrefois les cercueils en bois étaient le seul mode de bière accepté, il est désormais possible d’opter pour un cercueil recouvert d’ardoise qui permet aux proches d’exprimer leurs pensées. Les articles funéraires sont aujourd’hui personnalisables et laissent à la famille la possibilité de faire leur deuil plus sereinement.

La crémation répond à de nouvelles valeurs

Si les premiers crématoriums en France ont été construits à la fin du XIXe siècle, la crémation est très longtemps restée en marge, même bien après la Seconde Guerre mondiale :

  • En 1980, les crémations représentaient seulement 1 % des obsèques.
  • En 1990, elles atteignent difficilement les 10 %,
  • En 2004, les pompes funèbres ont commencé à enregistrer un taux de crémation approchant les 25 %. 

Aujourd’hui avec près de 200 crématoriums répartis sur l’ensemble de l’hexagone, la crémation répond à nouveaux désirs du défunt et des familles : s’affranchir de l’ambiance monacale des cimetières, du temps et des frais liés à l’entretien d’une sépulture. 

En effet, si la législation funéraire française interdit depuis 2008 de conserver une urne funéraire chez soi, elle permet une dispersion des cendres en pleine nature ou plus modestement dans une espace cinéraire collectif : le jardin du souvenir. Certaines familles cependant se tournent vers des funérailles hybrides, optant pour une crémation, mais en choisissant l’inhumation de l’urne dans une mini-tombe ou dans une cavurne. Un moyen symbolique de répondre aux standards d’obsèques traditionnelles, en moins grande pompe. 

Des funérailles écologiques

La question de l’écologie est également un facteur qui pousse les individus à privilégier la crémation. Bien que la combustion du cercueil entraîne un rejet important de CO2, les nouveaux accessoires, à l’instar de l’urne qui transforme les cendres en arbre, permettent de participer au renouvellement du cycle de la vie. Le cercueil en carton, d’abord boudé, est désormais autorisé depuis la réforme funéraire de 2018. Il est possible de le personnaliser dans la limite de la décence, avec des photos de famille ou des motifs bucoliques. Son coût d’achat est bien moindre comparé au cercueil en bois massif, les modèles d’entrée de gamme étant facturés aux alentours de 300 € par les pompes funèbres.  

La question du coût d’une crémation ou d’une inhumation

Paradoxalement, si la loi Sueur de 1993 a supprimé le monopole communal des pompes funèbres, elle a conduit à une nette augmentation des prix des prestations funéraires. Selon un rapport de la Cour des comptes paru en 2019, l’indice des prix des pompes funèbres « a augmenté deux fois plus vite que celui de l’inflation ». Pour certaines familles, le coût des obsèques est aujourd’hui difficile à supporter surtout en l’absence de dispositions prises par le défunt de son vivant. 

De nombreuses entreprises de pompes funèbres proposent aujourd’hui des offres qualifiées de « low cost » dans lesquelles il est possible de retrouver du bon et du moins bon. Derrière un prix très attractif et facturé parfois deux fois moins cher que le tarif moyen constaté pour les frais d’obsèques, se cache en réalité une offre funéraire réduite au strict minimum : des prestations obligatoires et des accessoires parfois importés de l’autre bout du globe. Cependant, il faut retenir que la plupart des frais funéraires en cas de crémation restent abordables. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’on entend souvent qu’une inhumation est plus coûteuse. La crémation dispense de la location d’un lieu de sépulture et des frais de concession. Une économie pouvant aller jusqu’à 3 000 €.

Aussi, face à la libéralisation du marché funéraire, les assurances, les banques et les pompes funèbres elles-mêmes ont investi le secteur de la prévoyance. Aujourd’hui pour contrer le coût parfois élevé des obsèques, il est possible de constituer un capital pour soulager la famille des frais financiers voire même de payer la totalité des frais funéraires de son vivant grâce au contrat de prévoyance en prestations. Sans oublier la démocratisation des plateformes en ligne dédiées à la comparaison des offres funéraires.

Publié le
9 avril 2021